Finalité de la formation

FINALITE DE LA FORMATION

J’ai visionné une bonne vingtaine de sites sur Youtube. Tous les formateurs expliquent qu’ils forment leurs stagiaires au tir de défense.


Je m’interroge ! En effet, sur l’un de ces sites, on peut voir un tireur au fusil effectuer un tir de longue distance. Ce genre de tir est réservé soit aux compétiteurs sportifs, soit aux tireurs d’élite des armées. Comment le formateur présente-il la finalité à ses stagiaires ? Dans quelles situations, le futur professionnel formé au tir à longue distance va-t-il mettre en application ses connaissances et son art? En admettant qu’il exerce dans le cadre de la protection embarquée des navires, pour la lutte anti-piraterie, va-t-il tirer sur des pirates se situant à mille mètres de son navire ?


Je tiens à souligner que des agents italiens sont actuellement dans des prisons pour avoir tiré sur des pirates mais que les gardes-côtes indiens ont déclaré être des pêcheurs. Nous savons nous que ce sont les mêmes mais nos collègues italiens n’ont pas eu gain de cause. Alors, imaginez un tir à 1000, 100 ou même 50 mètres.


Comment vont-ils justifier qu’ils ont été agressés et qu’ils se sont défendus dans le cadre très strict de la légitime défense ? Où se situe la notion de nécessité ?


Sur un autre site, on peut voir un individu arborant un dossard « police » tapant à tour de bras sur un mannequin. Certes ! il hurle « police » tout en tapant.


Sur d’autres sites, les stagiaires sont entraînés à doubler, tripler leur tir de riposte. Que se passe-t-il si l’agression cesse lors de la première riposte ? vu le nombre de coups tirés, où est la logistique ?


J’ai exercé dans le domaine de la formation pour la protection rapprochée pendant plus de quinze ans. Je sais que beaucoup de mes stagiaires étaient prudents et refusaient tout ce qui ne servait à rien. Ainsi, à Paris, lors qu’un colloque concernant la protection rapprochée, à l’université Descartes, des membres du public tenaient à faire savoir qu’ils refusaient les offres de marchands de rêve, comme ils les appelaient.


Il y a l’offre, il y a la demande.


Lors d’une enquête, un agent impliqué dans une situation de violence par arme pourra alléguer que c’est la formation qu’il a reçue. Chacun est responsable de ses actes et doit assumer sa pleine responsabilité. Mais aujourd’hui, qui est responsable ? 


L’Etat a accepté l’idée d’armer des agents de sécurité, qu’ils soient A.S.R. ou A.3.P. C’est un grand pas en avant. Mais nous devons garder à l’esprit ce qui se passe lorsque des policiers, des gendarmes ou des bijoutiers font usage de leurs armes. Il existe le cas d’usage des armes pour les membres des forces de l’ordre.

Ils n’en abusent pas car on verrait moins de gendarmes blessés ou tués sur la route ou des policiers se laissent brûler vifs.


Par contre, pour les bijoutiers, il en va autrement. La situation de légitime défense est complexe et peu connue. Il me semble que c’est là que devrait se situer l’effort de tous ceux qui font de la formation ou qui vont être armés.


Pour cela, notre Commission des Formations et des Stages a mis en place deux Référentiels de Formation pour les Formateurs agréés de la FFTPA.  Ils feront l’objet d’une présentation particulière.


Fidèle à son éthique, la FFTPA prône le respect de la loi et le respect de la personne, quelle qu’elle soit.


Henri PETRY, président de la FFTPA


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